Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 13:50

Cette interview du Maître a été réalisée en préparation de la Nuit des arts martiaux de Levallois d'octobre 2011, par Jérôme Sannier.

HirooMochizuki

Yoseikan Budo, sur la voie des samourais avec Hiroo Mochizuki

par Nuit des Arts Martiaux de Levallois, dimanche 18 septembre 2011, 20:10. 

Fils du grand maître Minoru Mochizuki, Hiroo Mochizuki vit en France depuis une quarantaine d’années. Il a créé son école, le Yoseikan Budo, qu’il considère comme le prolongement de l’enseignement suivi autrefois par les samourais. Il sera en démonstration à Levallois le 15 octobre. Jérôme Sannier l’a rencontré pour vous.

 

Samourai : Vous êtes actuellement un des plus grands maîtres d’arts martiaux en France, pourriez vous vous présenter ?

Hiroo Mochizuki : Je pense qu’il faut toujours apprendre, à mon avis il y a toujours des plus grands que soi. J’essaye constamment de progresser. Il y a beaucoup de maîtres en Europe, ils sont peut être un peu plus jeunes que moi, mais ce sont pour la plupart de grands professeurs. (Rires) Je pense qu’il y a encore beaucoup de travail pour moi.

 

S. : Pourriez-vous nous décrire votre école : le Yoseïkan Budo ?

H.M. : Le Yoseikan Budo est dans mon esprit un retour à la source : à l’époque des samouraïs, ceux-ci travaillaient toutes les armes, les techniques de clés et de projections, les atémis… ce qui est logique. Quand il y avait la guerre, il fallait savoir tirer à l’arc (quand l’ennemi était à distance), mais aussi monter à cheval, lancer la lance, manier le naginata... Parallèlement, l’équitation était importante.

Je trouve le système des samouraïs intéressant : il y a beaucoup de variations et grâce à ces variations, on est obligé de s’adapter à tous les systèmes. Cela favorise les facultés d’adaptation. Notre société a besoin de gens qui ont beaucoup de créativité. Actuellement les systèmes évoluent rapidement et c’est cette vitesse de changement qui est importante. Pour cela, j’ai adopté un système un peu plus sportif, mais avec la même idée de retourner aux sources des samouraïs. 

 

S. : Vous avez innové en faisant des démonstrations de Yoseikan Ba Jutsu (arts martiaux à cheval). Quelles sont les différences entre les techniques à cheval et celles à pieds ?

H.M. : Il n’y a pas de différence. Les mouvements de hanches sont essentiels dans les arts martiaux. Quand on n’a pas compris les mouvements de hanches, on ne peut pas monter à cheval correctement. Ensuite, pour le maniement des armes à cheval, il n’y a  que la position des jambes qui est différente. Il faut savoir utiliser ses jambes pour diriger le cheval : en avant, en arrière et pour les déplacements latéraux.

 

S. : Votre père, Minoru Mochizuki Shihan, a été un très grand maître, pourriez vous nous parler de lui ?

H.M. : Oui, mon père était très connu au Japon, il a fait beaucoup de choses, il a eu une vie très riche. Techniquement, il a excellé avant tout en Judo, qui était la discipline qui a le plus compté pour lui. Il avait été élève de maître Toku Sambo - un maître important avec un style qui alliait puissance et efficacité; ensuite il a travaillé avec maître Mifune, connu pour sa finesse et sa richesse technique. Grâce à ces deux maîtres, il a eu un contact direct avec le fondateur du Judo: maître Kano, ce qui a ouvert son horizon. En effet, maître Kano a pensé garder toutes les méthodes classiques et traditionnelles au Kodokan: il pensait que le sport allait se développer et que peu à peu les méthodes traditionnelles allaient disparaître. Alors il a envoyé mon père apprendre l’Aïkido avec maître Ueshiba, puis le Katori Shinto Ryu avec différents maîtres.

C’est une chance pour nous actuellement, parce qu’au Japon, en général, chaque maître enseigne une seule méthode. Par exemple, ceux qui pratiquent du Iai ne montrent que du Iai, ceux qui pratiquent du Judo n’enseignent que le Judo. Mon père, grâce à maître Kano, a tout étudié, sauf les méthodes d’atémis que j’ai moi-même apprises et développées ultérieurement, encouragé par mon père qui m’avait lui-même poussé à étudier (entre autres) la boxe anglaise avec un champion local.

 

S. : Au niveau du sabre, actuellement on peut dire que le sabre est coupé en deux écoles, le Iaï d’un côté, le kendo de l’autre. Que pensez de cet état de chose ?

H.M. : Les deux sont très importants. En combat, le kendoka est le meilleur. Malheureusement, de nos jours, beaucoup de kendokas n’utilisent plus de sabres. Pour moi, si on fait du kendo, il faut absolument pratiquer le Iai en parallèle. Il y a  d’énormes différences entre le sabre et le bambou au niveau du poids, de la forme, de la matière, et donc de la sensation de la pratique.

 

S. : Donc l’idéal serait d’arriver à une école de Iaï ken jutsu ?

H.M. : Exactement, et en plus, si c’est possible, ajouter comme à l’époque les projections, atémis…                                                                                                                                                                              

S. : Quelle est l’importance de la coupe ?

H.M. : (sourire) Ce n’est pas la coupe l’important, c’est le lancement de l’énergie au bout du sabre. La vibration vient des hanches, passe par les épaules, les bras puis arrive au sabre. Celui qui coupe bien est très décontracté : il n’utilise pas la force des bras, la force vient du corps. Malheureusement beaucoup de gens balancent le sabre : pour moi, c’est un peu triste. Mais la coupe seule ne sert à rien, l’adversaire est vivant : il faut savoir combattre.

 

S. : Que pensez-vous des pratiquants d’arts martiaux qui se lancent dans le fitness et l’aérobic ? Est-ce une bonne chose pour les arts martiaux ?

H.M. : C’est très bon, le fitness avec la musique. Pourquoi ? Tous les combats ont un rythme. Il y a trois Sen : sen no sen, tai no sen et go no sen. Travailler en musique permet de comprendre le rythme et le timing en combat. Grâce à cela l’efficacité va augmenter, à condition bien sûr qu’il y ait derrière une réelle pédagogie au service de l’amélioration technique. Parce que sinon, l’intérêt se limite à l’amélioration de la condition physique.

 

Source: http://fr-fr.facebook.com/note.php?note_id=177102882368305

 

Autres articles, interview, etc.


Partager cet article
Repost0

commentaires